Bilan : où en est l’industrie française aujourd’hui ?
En ces temps de 4ième révolution industrielle ou « d’industrie 4.0 », le secteur en France est à la peine même s’il a entamé sa mutation. Les innovations actuelles ont tout de même tendance à maintenir quelque peu à flots l’industrie automobile, l’agro-alimentaire et autre industrie chimique notamment. Mais où en est réellement l’industrie française aujourd’hui ? Le point dans cet article.
De 1970 à 2018, le long déclin de l’industrie française
Si le gouvernement actuel se penche sérieusement sur les leviers qu’il est possible d’actionner pour relancer l’industrie, c’est en raison du fait que le secteur a littéralement sombré depuis 1970. La part de l’industrie dans la richesse de la France a en effet diminué de moitié, passant de 22,3 % à 11,2 % avec une accélération très marquée du phénomène dans un laps de temps plus court encore, entre 2000 et 2007 puis entre 2007 et 2014, soit en pleine crise économique post 2008. La baisse des prix des biens dans l’industrie d’un part et les carnets de commande en berne de l’autre ont mis le coup de grâce à l’industrie française. Alors que l’industrie employait 5,7 millions de personnes en 1970 en France, ce sont à peine plus de 2 millions de Français qui officient encore dans le secteur.
La chute du secteur est à attribuer à plusieurs facteurs tels que la baisse générale de la compétitivité des entreprises française face aux géants que sont la Chine, les États-Unis et l’Allemagne dans une autre mesure et la baisse des investissements publics en R&D notamment.
La France, 5ème puissance industrielle mondiale
Classée au 3ième rang en Europe et assise à la 5ième place du podium mondial, l’industrie française n’a pas encore dit son dernier mot. Le segment de l’automobile témoigne d’ailleurs parfaitement bien du fait que l’Hexagone est en capacité de rivaliser avec ses concurrents. Le secteur compte des entreprises performantes, innovantes, rentables et qui collent aux exigences actuelles de consommateurs : Renault, Peugeot et Citroën continuent de s’octroyer la part du lion sur le marché français.
Mais comme les chiffres parlent d’eux-mêmes, le bilan de l’industrie française doit être analysé en s’appuyant sur des faits.
La France compte ainsi quelques 235 000 entreprises opérant dans l’industrie, majoritairement sur les créneaux de la réparation, de l’installation et des produits manufacturés (65 000 structures), l’agro-alimentaire (62 000), le bois, le papier et l’imprimerie (35 000). Autant dire que l’automobile et l’industrie pharmaceutique ne sont que la partie immergée de l’iceberg.
L’industrie manufacturière représente ainsi 84 % des activités à haute valeur-ajoutée, contre à peine 3,9 % pour l’automobile et 16,6 % pour l’agro-alimentaire, 5,9 % pour la chimie ou encore 7,7 % pour la fabrication de produits métalliques.
Les autres chiffres de l’industrie en France :
- le secteur représente 12,4 % du PIB dont 10 % pour l’industrie manufacturière, bien loin des 20 % du PIB en Allemagne
- l’industrie a généré 266 milliards d’euros de recettes en 2014
- le secteur écrase les exportations avec 96,5 % des flux pour un CA de 450 milliards d’euros par an
- l’industrie réunit 78 % des dépenses annuelles en recherche et développement, pour un montant équivalent à 23,4 milliards d’euros
- en termes d’emploi, le secteur pèse encore lourd avec 2,7 millions de salariés ; 550 000 officient dans l’agro-alimentaire et 380 000 dans la métallurgie
Le secteur industriel en France tient encore la route mais sans de réels efforts en R&D, son déclin ne fera que s’accentuer. Nombre d’observateurs estiment que les investissements publics et privés en la matière devraient représenter l’équivalent de 4 % du PIB de la France contre à peine plus de 2 % actuellement.